Voilà le récit du week-end à Dolisie, Congo. Le style assez chronologique doit permettre de mieux imaginer le déroulement de nos activités sur place. En plus, cela permet de regarder en vis-à-vis les photos classées selon une logique identique. Enfin, je vais essayer de donner quelques indications qui pourraient permettre aux « aventuriers » d’organiser leur propre voyage à Dolisie :
1er jour : Pointe-Noire - Dolisie en train
En fait, tout commença avec l’achat des billets de train. Il faut savoir qu’il n’existe pas de réel système de réservation. A ce titre il est préférable de demander auprès du chef de gare la veille du départ un papier de réservation tel que nous l’avons fait, ça en facilitera le retrait des billets au guichet le jour du départ. Il faut compter 5425 FCFA (environ 8,5 euros) pour un billet en 1ère classe (c’est-à-dire, avec un siège pour s’asseoir) permettant de rejoindre Dolisie à partir de Pointe-Noire.
Départ prévu à 10H00. Arrivée en gare à 9H30. Assis sur mon siège à 9H45. Départ effectif de la gare : 13H30 !
Il faut donc se munir de patience, savoir uriner en public (pas de toilettes à proximité), d’eau (quoique des vendeurs de boissons, mais aussi de médicaments, de manioc et d’autres produits passent dans le train avant le départ) et de quoi se protéger du bruit en cas de sieste.
Grâce à ce voyage en train, j’ai appris à ne rien faire, ce qui n’est pas si évident que ça pour les non-initiés.
Bref, une atmosphère chaude, suintante, bruyante résume assez bien l’environnement dans lequel nous avions à passer ces quelques trois heures à patienter.
Le meilleur est à venir : notre locomotive surchauffait d’où l’obligation de s’arrêter tout les quart d’heure environ pour la faire refroidir. Sans compter que le rythme de progression vers Dolisie est ponctué des multiples arrêts aux gares qui jalonnent le parcours ferroviaire.
De quoi admirer le paysage, qui du reste est magnifique. La traversée du Mayombe reste impressionnante avec ces vallées et collines densément boisées et emmitouflées dans un voile de brume…ambiance mystique. Il ne manque plus que quelques singes au loin pendus aux arbres pour s’y croire. Pour les singes, on peut toujours rêver ! Le bruit du train, sans compter la chasse repousse chaque fois plus les animaux en quête de territoires paisibles.
L’ambiance du train est unique. Certains dorment à même le sol, on y mange le poisson, les bananes, le manioc et on digère grâce au Chicago Bull (150 FCFA pour un sachet de liquide composé de café, whisky et de Rhum, à tester !). Enfin, si tout se passe bien, par manque de sièges, certains s’assoiront à vos côtés, sur l’accoudoir pour s’endormir quelques minutes plus tard ou pour vous parler de tout et rien à la fois. Parler avec les locaux est toujours intéressant, leur point de vue souvent inattendu.
Enfin, pensez que 8 moundélés (blancs) dans un train congolais, ça attire l’attention… notamment celle des militaires et autres policiers ! Nous avons donc été contrôlés avant d’entrer dans le train, dans le train et à l’arrivée à Dolisie. Car il ne faut pas l’oublier, le contrôle des papiers d’un moundélé est une chance pour le policier veinard de récupérer de quoi boire le jus (bière) après le service… sauf quand on est tous en règle ! D’ailleurs, pour les aventuriers du Dimanche, le plus prudent est de faire faire une copie certifiée conforme de votre passeport (avec le feuillet du visa valable) auprès de la mairie et surtout de bien rappeler auprès de vos contrôleurs que ce papier est légal et tout à fait valable.
Nous y voilà. Dolisie. Bon, pas vraiment car avant nous sommes contrôlé par la police local et retenu dans la gare de Dolisie 45 minutes (au moins) et après près de 12 heures de voyage. Il faut au moins 45 minutes à un policier pour recopier tous nos documents à la virgule près (donc avec les mentions qui ne servent à rien) et bien sûr, tout ça pour notre sécurité ! Je propose donc à notre prochain Ministre de la Défense et à celui du Ministère de l’Intérieur de disposer des copies des documents d’identité de tout le monde pour assurer leur protection contre les agressions. Pfff !
Voilà, on est dans le taxi qui nous mène jusqu’à l’auberge de Sala Ngolo, laquelle est tenue par des religieux. Cette auberge est également un centre de formation aux métiers de l’agriculture, artisanat d’art, arts ménagers, restauration, hébergements…
Une fois installé (nous sommes 8 pour des chambres de 2… pas si facile comme opération), une bonne Turbo King (Bière brune locale) à la Nganda (Bar) du quartier nous rafraîchies de notre périple ferroviaire.
2ème jour : Dolisie : Lac Bleu
Nous voilà installés et bien déterminés à découvrir le coin. Après avoir appelés nos deux taxis de la veille (prendre des numéros de taxi, ça peut toujours servir), nous voilà en route pour le Lac Bleu après un petit déjeuner relativement copieux. Sala Ngolo – Lac Bleu correspond à un trajet de près de 45 minutes de route, il ne s’agit donc pas d’une course « normale » (700 FCFA le jour, 1000 FCFA la nuit). Un tarif de 5000 FCFA (en tout, soit A/R) par taxi est fixé.
Les pistes sont relativement bonnes si on les compare à celles de Pointe-Noire, le sol étant composé de latérite (roche rougeâtre plus ou moins poussiéreuse), ce qui incite forcément à la vitesse, ce ne sont pas les radars qui courent les rues !
Le site du Lac Bleu est aménagé au sens des aménagements à « l’africaine » soit une nganda pour servir le jus et le poisson (selon pêche). Un conseil si vous souhaitez manger, commandez dès votre arrivée pour avoir la chance d’être servis 1h30 voire 2 heures plus tard. Ce n’est pas spécifique à cette structure mais propre au rythme de service de la plupart des restaurants où j’ai mangé au Congo. Patience est sûrement la qualité que je vais développer le plus ici… à moins de péter un câble avant !
Les photos du site le décrivent assez bien. Un lac, une pirogue, des cabanons autour, quelques animaux élever ici et là. Tout y est. Rien de particulier sauf peut-être le vol des termites en fin d’après-midi. Impressionnant ! Des millions de termites s’envolent et forment de véritables nuages pour tranquillement finir au sol où elles se débarrassent de leurs ailes.
L’ambiance était bruyante. Je crois que les sonos du Congo ne peuvent être réglées autrement que sur « TRES FORT ». C’est la fête ! Les enfants ont des techniques très efficaces pour pêcher. Ils attrapent un insecte, l’accrochent à un hameçon de fortune et pêchent allégrement les poissons du Lac. Le Lac doit en être remplis. La meilleure technique pour avoir du poisson quand on pêche c’est encore qu’il y en ait dans l’eau !
Le retour fut marqué par des trombes d’eaux qui se sont abattues sur nous alors que nos taxis s’amusaient (quoique ce n’était peut-être pas un jeu ?) à faire la course. Ohla ! Et une chèvre qui vient de voir sa vie défiler devant ses yeux… manqué. Capri, c’est pas fini !
De retour à Sala Ngolo, nous nous sommes attablés au bar d’application de l’auberge pour profiter du crépuscule qui nous tombait dessus, bière à la main, évidemment…
Après 20 minutes de marche à travers la ville, nous nous sommes installés à la table d’une Nganda/restaurant de plein air pour profiter des mets locaux soigneusement préparé dans la rue. Très classiquement, nous avons eu du poulet (Soussou), des brochettes de bœuf (hyper dur !) et du likouf (poisson local) accompagné des bananes plantains frites, de riz et de manioc ! Un repas copieux et aux saveurs du Congo, sinon de l’Afrique. L’avantage est que ce repas pour 8 personnes, boissons incluses, restent très peu coûteux : 19000 FCFA environ en tout soit 3,6 euros le repas par personne ! N’oublions pas que le tourisme n’est pas répandu au Congo et que ces « restaurants » nourrissent les populations locales principalement et doivent donc être à la hauteur des maigres bourses des Congolais. Fin de soirée au « Quatro », LA boite de Dolisie…
3ème jour : Dolisie : Cascades près du Village de Sossi
Le 3ème jour était consacré à l’expédition vers le village de Sossi, village à partir duquel nous devions marché environ 1 heure pour atteindre les cascades.
Après avoir négocié (10000 FCFA) la camionnette de l’auberge ainsi que les services d’un chauffeur et d’un guide (5000 FCFA), nous partions en direction du village de Sossi, sans réellement imaginer les péripéties qui rythmeraient notre ballade, enfin pour ma part.
Les filles à l’avant, confortablement assises aux côtés du chauffeur (prof de mécanique de Sala Ngolo !), les 6 garçons à l’arrière parfois assis sur un siège tressé (que l’on trouve assez couramment ici au Congo), parfois debout pour la vue.
La première piste était à peine entamée que nous nous sommes embourbés dans une flaque de taille qualifiée (Spéciale casdédi à Tony) ma foi. Débarquement des filles à dos d’accompagnateur. Strip-tease des gars pour pousser la voiture hors de l’étang de boue. De la boue chaude et gluante, un classique du Congo !
Enthousiasmés par ce premier bain de genoux, la suite de la piste devait nous combler pleinement nos frustrations enfantines, quand maman nous interdisait de sauter dans les flaques d’eau. Bref, à ne pas manquer !
C’est après peut-être deux heures de route (plus rapide normalement !) que nous atteignions Sossi.
Des enfants criant « Les chinois » (car ils envahissent le Congo, entre autre) ou encore « Mindélés » (version Lingala de « blanc ») nous ont accueilli le temps de changer le pneu de la 1ère crevaison.
Nous voilà donc enfin prêt à entamer une heure de marche active pour atteindre les cascades. C’est à travers les herbes hautes (bien plus hautes que nous) et denses que nous progressions le pied haletant (quoique nous étions pressés, lol). Ce que j’en garde en mémoire ? C’est probablement l’environnement sonore. La vie animale et plus encore celle des insectes est intense dans ces milieux et ce n’est pas sans s’harmoniser avec le tambour de nos pas lourds, pour les uns ou légers pour d’autres. Et le plus surprenant ? Découvrir que ces lieux sont en fait peuplés et vivant. Alors que l’on s’imagine seul ou presque, des femmes (le plus souvent assez âgées) et des hommes travaillent, transportent du bois, des régimes de bananes, du manioc... Ils apparaissent comme une illusion et ont disparus la seconde qui suit. Ils sont là, nous entourent sans qu’on n’en soupçonne (à moins de les avoir vus !) l’existence.
Nous y voilà ! Devant la cascade. C’est beau. Mieux. C’est enchanteur, magique. Ce n’est par hasard si les populations locales pensent que ces vallées sont peuplées de génies et autres sirènes (source : notre guide). Le mystique quand tu nous piques !
Face à la cascade, une seule envie, s’y jeter. Les bûcherons du coin avaient coupé pas mal d’arbres au pied des chutes, les rendant moins faciles d’accès. C’est alors que nous avons traversé les branches amoncelées sur les rives du point d’eau que formait désormais la cascade. Bbbrrr ! Elle est fraîche. J’avais soif. Après hésitation (peur de se chopper un déluge intestinal !), je ne me suis pas privé de boire l’eau qui ruisselait le long des roches. La force avait laquelle l’eau nous tombait dessus valait tout les massages. La vision qui s’imposait à moi était simplement unique. Il ne faut finalement pas grand-chose pour être heureux…
Le temps nous manquait, les multiples arrêts sur le chemin allé nous contraignaient à rapidement prendre le chemin en sens inverse, la motivation de trouver un endroit magique en moins. Une chance, l’essentiel du retour est en légère descente !
J’ai profité du retour pour échanger avec notre guide nos visions de la vie… Je ne peux pas m’empêcher de savoir comment ils voient les choses. J’ai dû le saouler quoique je n’en sois pas si certain car l’Africain est attaché à la discussion et au sens de la tradition orale.
Nous atteignîmes le village de Sossi bien plus rapidement que je ne l’avais imaginé à notre départ de la cascade. Tant mieux, j’étais crevé. Le retour avait son lot de problème. A peine, repartis avec notre nouveau pneu (pas si neuf que ça) changé, que nous crevions à la même roue. D’abord, le pneu se dégonflât doucement puis presque d’un coup, ratatineusement achevé. Ca ne nous à pas empêcher de profiter de l’air chaud (juste ce qu’il faut) et du lent couché de soleil.
Nous voilà au 2/3 de notre parcours en direction de Dolisie alors que nous n’avions plus de pneu de secours. Notre chauffeur, prof de mécanique, est décidé pour changer sa roue par une autre en pire état, pour ne pas condamner définitivement celle en place. Quant à nous, nous avions décidé de les laisser avec la voiture et de rejoindre Dolisie à pied.
A peine descendus de notre voiture en panne, nous avons eu la chance de croiser deux voitures qui acceptèrent de nous prendre… 15 minutes de route plus tard, l’une d’entre elle s’embourbe quant à celle dans laquelle je suis monté ne démarre plus et par chance notre première voiture avec chauffeur nous rejoins… un pneu à plat.
Notre chauffeur nous indique qu’il nous reprend mais que nous devons tous s’asseoir du même côté, à l’opposé du pneu crevé.
On arrive finalement au bout de notre périple, non sans peine. Fatigués de notre ballade, on avait décidé de prendre un bon repas copieux au meilleur restaurant de Dolisie… J’ai pu goûter au phacochère et je le conseille car c’est vraiment bon. On ne le dit jamais assez, dans le cochon tout est bon.
4ème jour : Dolisie : Arbre de Brazza et back to PNR
Le dernier jour devait nous permettre d’aller voir l’arbre de Brazza. Après un peu plus de vingt minutes sur les pistes de bonne qualité de Dolisie, on arrivait devant ce gigantesque baobab qui aurait reçu les écrits de Brazza et où il aurait dormi… Le Net en dit plus que ce que j’en ai appris sur place. Au-delà de l’histoire, cet arbre est un monument de la Nature qui impose un respect au moins aussi comparable à ce que nous inspire nos cathédrales et autres châteaux… Son bois, semblable à de la roche (en apparence) était creusé en son tronc et pouvait y recueillir au moins 4 personnes de bonnes corpulences. Son écorce est scarifiée sur chaque centimètre carré qui soit à portée d’atteinte de l’homme… Le graffitis est donc universel, encore faut-il être certain que ce ne sont pas des occidentaux qui les aient fait.
Enfin, à proximité, on y trouve un village de lépreux semble t-il.
Le paysage de retour à Sala Ngolo vaut le coup d’œil car – à la différence de PNR qui est relativement plate – on a la vue sur la petite vallée qui accueille Dolisie et ses alentours.
Posé à la table du restaurant d’application de Sala Ngolo, on s’est embarqué dans des parties de belotes en attendant de se faire servir du poulet, des grosses gambas et une belle assiette de riz.
Nos nuits réglées (2 chambres à 10000 FCFA/nuit et 2 chambres à 14000 FCFA/nuit, soit 6000 FCFA/nuit/personne), on a pris le chemin de l’aéroport qui est à 5 minutes de marche de Sala Ngolo. Contrôle des papiers et près de 2 heures d’attente avant de réussir à atteindre un fauteuil de notre avion.
Nous étions surchargé et c’est en bout de piste que nos pilotes au fort accent russe réussirent à désengluer le train d’atterrissage du tarmac. Dans la très forte moiteur de la cabine, on avait à apprécier le survol du Mayombe et l’inquiétante brume qui nous envahissait : la clim’. 20 minutes plus tard, les roues touchent le sol Ponténégrin. Quel week-end !